La nuit régnait encore. La lune était haute dans le ciel. Le ciel était d'un bleu nuit époustouflant, parsemé de touches violettes. Les étoiles brillaient de mille feux. Tous les animaux dormaient, la forêt entière semblait dormir. Des brises froides fouettaient quelques fois les arbres. La Saison des Feuilles Nouvelles n'était plus très loin, et on voyait que le gibier commençait à sortir peu à peu. Cependant, le froid était mordant, en cette nuit.

Etoile Constellée s'était levé alors que la lune commençait à peine à descendre. Elle mourrait d'envie d'aller se balader. Elle était déjà sortie de son antre, elle semblait attendre quelque chose sur le Promontoire. Elle regardait son camp, en écoutant les bruits de la forêt. Puis finalement, elle prit une décision, et sauta de l'endroit où elle s'était perchée, pour s'approcher de l'entrée du camp. Esprit des Sources Noires pouvait s'occuper du camp en son absence, alors nul besoin de s'inquiéter.

Ce fut sur ces pensées que la femelle commença sa balade. Elle marchait près du lac, qui était gelé. Il fallait être prudent. Ses guerriers ne devaient pas risquer leur en vie en marchant sur cette glace, qui pouvait surement se briser facilement. Elle examinait son territoire, qu'elle avait connu toute sa vie. Des souvenirs de quand elle était apprentie revenèrent. Elle crut entendre les éclats de rire de son mentor quand elle échouait à attraper une proie. Un sourire se dessina sur ses babines. Elle eu la brusque envie de se rendre à l'Île des Assemblées.

Marchant au pas de course, elle traversa bien vite le territoire du Clan des Cascades, en essayant de ne pas se mouiller les pattes. Comme la plupart des chats, elle ne comprenait pas comment les chats de ce Clan pouvaient vivre dans l'eau. Pour la femelle brune, c'était idiot de se tremper les pattes. Elle arriva finalement au tronc pour passer jusqu'à l'île, tronc dont elle avait entendu de nombreuses légendes. Sans hésitation, elle grimpa dessus et s'aggripa fermement à l'écorce, pour ne pas glisser. Et en quelques minutes, la voici sur la fameuse île.

Elle marcha jusqu'au milieu, où l'arbre des chefs se dressait fièrement. Elle sauta dessus, et s'installa sur sa branche, pour balayer du regard la clairière. Elle imagina tous les guerriers rassembler ici, et les autres chef sur les autres branches. Elle en ronronnai presque. Elle leva ses yeux verts vers le ciel, et vit que le soleil se levait, il avait d'ailleurs bien progressé. Son oreille frémissa quand des bruits de pas parvinrent jusqu'à son oreille. Elle sauta sur la terre ferme, tandis qu'un voix demanda :

- Qui est là ?

Elle reconnu cette voix. C'était celle du lieutenant du Clan des Cascades. L'odeur de celui-ci venu lui confirmer ses pensées. Elle plongea ses yeux dans celui du lieutenant. Il n'avait aucune raison de l'attaquer, car ils étaient sur un territoire neutre. Mais Etoile Constellée préférait se méfier. Ses paroles n'étaient cependant pas hostiles, alors Etoile Constellée préféra répondre du même ton.

- Etoile Constellée.

Le mâle se sentirait probablement intimidé en entendant son nom, car il devait surement la connaître.

Elle vit le lieutenant avancer, et elle découvrit son pelage soyeux. D'un gris assez clair sans trop l'être, il possédait de magnifiques yeux verts. La chef le regarda un instant. C'était important de bien connaître ses ennemis. Une goutte l'arrêta dans sa contemplation. Dans un réflexe - elle remarqua que Senteur de Jasmin faisait aussi la même chose -, elle leva la tête vers le ciel. La pluie commençait à tomber. Etoile Constellée ne put s'empêcher de grogner. La pluie allourdissait son long pelage.

- On devait s'abriter si tu ne veux pas être trempée et malade.

Senteur de Jasmin avait en effet raison. Une chef malade serait inutile au Clan. Mais elle se méfiait toujours. Elle hésita un instant, en ne bougeant plus. Plus lassée d'attendre, elle soupira.

- Tu as raison. On peut s'abriter là-bas, le feuillage des arbres est assez dense.

Avec sa queue, elle indiqua l'endroit qu'elle avait proposé. Puis sans attendre la réponse du lieutenant, elle s'y dirigea, d'un pas assuré. Il la suivrait si il tenait tant à ne pas être mouillé.